samedi 19 avril 2014

ICI de Christine Van Acker, nouvelles "du cul du monde" Le Dilettante Editeur - 160p. 2014

Une succession de croquis acerbes sur la vie ICI et Là-BAS. La vie au fin fond du cul de la province dans un petit village de 120 habitants perdu dans un trou de la Belgique (comme un petit coin de la campagne française). Le regard que porte l'auteure sur les êtres et les choses de ce monde et sur les gens de la ville qui viennent "rendre visite" aux péquenots est peu amène, c'est-à-dire sans concession, parfois cruel. La maison est un îlot au milieu de la dévastation des âmes, des soûlographes, de jeunes déjà vieux, trompant leur ennui sur des bécanes rafistolées, refusant de sortir d'un monde sans avenir; monde emporté dans le silence et la solitude de l'hiver, des rencontres de "taiseux" sur la route, ou au bord de fenêtres mal fermées, parce qu'il n'y a plus rien, ni bistrot, ni épicerie, un désert où chacun surveille et médit de l'autre. Un petit monde avec son "Monsieur de" , son curé africain, ses visites de citadins, venus humer pour quelques heures le "bon air" de la campagne, avec le sourire dédaigneux pour les fous qui sont venus s'enterrer ICI.
Une apocalypse de terroir, un foudroiement des esprits et des coeurs... On se demande tout de même si le siècle n'est pas passé par dessus la tête de l'auteure pour entrer dans ces foyers de campagne, de paysannerie, de culs-terreux par les programmes de la RTB, ou des TF1, France 2 etc. si Télé-Luxembourg est peut-être suivie... 
Ces historiettes noirâtres si bien brossées au sinistre, ne sont, peut-être, que le reflet d'un état d'âme d'un moment, ou d'un parti-pris d'auteure pour attirer l'attention du public, de la Presse, pour créer un petit scandale autour d'une province malmenée, un micro événement enfin, pour que l'on s'intéresse à un auteur, un talent.
L'éditeur qui aime l'inattendu, le coup de tête, a plongé sur ces récits et en a fait un petit livre pour ceux qui promènent leur "solitude" de week-end ou de vacances au milieu des carottes, des pommes de terre et des navets, sur ces terres "perdues" au bout du monde...

A rapprocher du "Pays perdu" de Pierre Jourde.
13/20
Hermès

Aucun commentaire: