In Le Nouvel Observateur du 6 septembre 2011, extrait d'un article de Leménager Grégoire :
"Car depuis qu’Acrimed a révélé que son dernier livre avait emprunté quelques passages à l’«American rigolos» de Bill Bryson, ça ne s’arrête plus: les uns découvrent chez lui des phrases d’Ernst Jünger, les autres reconnaissent du Jay McInerney, du Victor Malka ou encore du Rachel Cusk.
Probablement fallait-il avoir l’esprit bien mal placé pour employer alors le gros mot de plagiat, sans percevoir toute la finesse des théories déployées par Macé-Scaron sur l’intertextualité, Montaigne et l’Oulipo, que ce soit sur le plateau du Petit Journal de Canal+ ou dans la matinale d’Europe 1. Les malheureux qui n’y avaient rien compris ne vont pourtant pas être aidés par les nouvelles révélations de l’Express.fr, qui semble s’être équipé d’un redoutable logiciel anti-plagiat depuis une certaine affaire concernant Patrick Poivre d’Arvor.
Il a cette fois passé dans sa moulinette plusieurs articles signés Joseph Macé-Scaron, publiés soit récemment dans «Marianne», soit jadis dans «le Figaro». Le résultat est accablant: «l’Express» signale la présence, sous la plume de l’actuel patron du «Magazine littéraire», de volumineux paragraphes issus du magazine «Lire», du «Monde», du «Matin», quand ce n’est pas de la quatrième de couverture d’un livre chroniqué.
Il cite en particulier un papier paru dans le «Marianne» du 8 juillet 2006, où figure cette «envolée parue mot pour mot deux ans plus tôt dans le mensuel ‘‘Lire’’, sous la plume de la journaliste Laurence Liban»:
Joseph Macé-Scaron dans "Marianne", le 8 juillet 2006
«Il se passe toujours quelque chose chez Catulle: une noce, une danse, des ragots d'alcôve et de caniveau, un copain cocu, des blagues de potaches bourrés au falerne pur. (...) Mais après la bonne fortune viennent les chagrins d'amour, la mort d'un frère, un voyage au loin pour oublier et la beauté des mythes grecs traduit avec une infinie tendresse: 'Bien que le lourd chagrin qui sans trêve me ronge/Me tienne loin, mon Ortalus, des doctes vierges.' Catulle a gardé intacte sa veine sarcastique, mais il est atteint au plus profond. C'est le roman d'un homme blessé qui donne à voir ses plaies sans forfanterie. On est touché au cœur.»
Laurence Liban dans "Lire", le 1er juillet 2004
«C'est qu'il se passe toujours quelque chose chez Catulle: une noce, une danse, des ragots d'alcôve et de caniveau, un copain cocu, des blagues de potaches bourrés au falerne, des cons finis [...] Mais, après la bonne fortune, viennent les chagrins d'amour, la mort d'un frère, un voyage au loin pour oublier et la beauté des mythes grecs traduits avec une infinie tendresse: 'Bien que le lourd chagrin qui sans trêve me ronge/Me tienne loin, mon Ortalus, des doctes Vierges.' Catulle a gardé intacte sa veine sarcastique, mais il est atteint au plus profond. C'est le roman d'un homme blessé qui donne à voir ses plaies sans forfanterie. On est touché au coeur.»
«On a moins à faire à des dérapages isolés qu'à un système», accuse ainsi «l’Express», en racontant l’anecdote d’une caisse de champagne qu’aurait aimablement envoyé Macé-Scaron à un journaliste du «Monde» manifestement trop sourcilleux sur la notion de propriété intellectuelle. Voilà qui ne risque pas de décourager les malveillants, selon lesquels on le surnomme «Macé-Scanner» dans les rédactions où il est passé.
Il y a quinze jours, après les premières révélations concernant son roman, l’auteur de «Ticket d’entrée» avait reconnu avoir fait une «connerie». C'était un euphémisme.
Grégoire Leménager"
"Une connerie" ? Des plagiats calculés...
Hermès
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