"Le déchirement entre ses parents est une source de souffrance inouïe pour l'enfant.
C'est comme un cataclysme qui s'abat sur lui. la première et effrayante manifestation du pouvoir et de la dureté humaine. Quelque chose qui fouaille le corps, l'esprit, tétanise. Entendre et voir des choses absurdes, cinglantes, impensables brisant un ordonnancement des rythmes de la vie. Parfois la déchirure est imperceptible, arrangée, les parents "s'entendent"... les enfants trinquent en silence. La chambre des parents se défait, le lit ne se creuse plus de la même façon. Lorsqu'on s'en approche, en plein sommeil de l'un ou de l'autre on ressent un vide, une absence, un abandon, quelque évènement poignant qui fissure l'être de l'enfant que l'on est.
Quand tout se passe bien, il y a les jours avec "lui" ou avec "elle", et puis les jours sans les deux, et où l'on fuit chez les copains, ou dans la rue, en s'interrogeant. "Qu'est-ce qui a pu se passer ?" "Qu'est-ce que c'est ?"
Personne ne répond parce que l'on ne le demande à personne.
Un jour il y a des commodes, des placards, des bibliothèques qui se vident, et des valises, des sacs, des cartons. la maison devient un désert. Celle ou celui qui reste, va, vient, la cigarette à la main, le regard dur. C'est fait. Plus rien comme avant. "Je" ou "ils" deviennent d'un coup adultes, ils savent qu'ils ne sont là que comme des témoins. La maison s'est écroulée. Les enfants perdus dans la tristesse, face à l'inconnu..."
Extrait de "La Vie de Milley B." de Henry Zaphiratos.
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