mercredi 15 janvier 2014

A propos de Marguerite Duras...

La revue "Lire" de février paraît avec une trentaine de pages sur Marguerite Duras (Marguerite Donnadieu), et sur son oeuvre, qui va paraître à La Pléïade - Centenaire, déjà ! (1914-2014). Comme le temps passe ! Il est difficile de parler d'une oeuvre majeure dans la littérature du XX° siècle. Il n'y a rien de bien transcendant, mais une petite musique qui persiste et qui réveille l'intérêt, celle que Marguerite avait ramené de l'Indochine, où elle était née, où elle avait vécu toute sa jeunesse. Le pays, elle ne l'aimait pas. Il avait fait souffrir sa famille, sa mère, les gens du pays, elle en parle peu, sinon pour évoquer dans "Hiroshima, mon amour" d'Alain Resnais. (Je me souviens de spectateurs exaspérés par la lenteur et l'incantation du film qui sortaient en claquant les portes de la salle du Festival de Cannes) Puis dans "l'Amant" son roman basique, avec l'Asiatique, le Japonais, le "Chinois", en fait l'"Annamite", le Viêtnamien d'aujourd'hui... Evocation un peu d'un être "supérieur" vis à vis d'autochtones... L'empreinte de la Cochinchine française et du royaume protégé du Cambodge plane sur son oeuvre. Elle ne s'en déferra pas, elle lui colle au stylo, à la machine à écrire. Toute son oeuvre tourne autour de la femme blanche dans cet univers, mais d'une façon, souvent voilée, détournée dans de longs monologues, de longs cris, de longues plaintes. Sa maman, Mme Donnadieu, courageuse face à l'adversité, institutrice, qui dirigea son école privée à Saïgon, après ses déboires de concession sur le Golfe du Siam, elle-même, un peu souffre-douleur de son grand frère, beau garçon aux belles voitures de luxe, au milieu du monde de la fêtarde jeunesse française  de Saïgon... Tenant le rang que voulait sa mère, au milieu du monde colonial.
Elle, venue en France, a transplanté cet univers dans ses livres, surtout dans "Barrage contre le Pacifique" dont on tirera un beau film d'une co-production avec l'Italie, avec Sylvana Mangano... puis dans les univers de ses autres films assez communs, de ses autres textes, derrière des incantations assez pesantes.
Elle a dit à Jean-Jacques Annaud, le réalisateur, au sujet de son Prix Goncourt : "L'Amant, c'est de la merde !" page 34 de la revue "Lire".
Elle était lucide et sincère. Son talent ayant été surtout d'avoir fait partie du milieu triomphant de la gauche en ces années où le Parti communiste dominait le monde intellectuel, et ouvrait toutes portes...
Reste un ton, une recherche.
Une époque révolue.
Hermès

Concernant l'iconographie de la page 33, j'ai été surpris et choqué qu'il y soit fait mention de "domestiques" de Mme. Donnadieu, pour ces gentlemen asiatiques(Annamites-Viêtnamiens ou Chinois), bien habillés, qui devaient être des instituteurs annamites-viêtnamiens ou des élèves-instituteurs, en formation auprès du père et de la mère de Marguerite Duras, en ces années-là.
Les domestiques de l'époque étaient vêtus du costume traditionnel vietnamien, et enturbannés. 

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