Tristan Savin résume en quelques pages dans "Lire" la vie et l'oeuvre d'Ernest Hemingway (1899-1961). Entre ces deux dates des évènements extraordinaires ont bousculé l'Europe et le monde. Entre ces deux dates il y a eu la Grande Guerre, la Révolution russe, la montée du fascisme en Italie, du Nazisme en Allemagne, la guerre civile espagnole, la Seconde guerre mondiale, l'occupation de la moitié de l'Europe par le communisme, Fidel Castro, la guerre d'Indochine, d'Algérie. Ernest Hemingway n'a pas vu la guerre du Viêtnam, et les séquelles qu'elle a laissé dans l'âme américaine, il n'a pas vécu la chute du Mur de Berlin et l'effondrement du communisme, ni la renaissance de la Chine, la Mondialisation etc. C'est pourquoi son oeuvre doit être prise pour ce qu'elle est, une oeuvre d'art. Une oeuvre se basant sur l'historique, comme toutes les oeuvres d'art, mais se trouvant par le miracle de l'art, hors du temps, dans un espace à part, parmi les grandes oeuvres du génie humain. Comme il l'a dit lors de la remise du Prix Nobel de littérature en 1954 "(L'écrivain)...oeuvre dans la solitude, et s'il est assez bon écrivain pour cela, il doit chaque jour affronter l'éternité, ou son absence."
Ses oeuvres lui ont été inspirées par de grandes émotions : la Grande Guerre et la défaite italienne de Caporetto lui inspireront "L'Adieu aux armes", La guerre civile espagnole : "Pour qui sonne le glas", la vie à Paris : "Paris est une fête", les corridas : "Mort dans l'après-midi", ses chasses au gros gibier : "Les Neiges du Kilimandjaro" et "Les vertes collines d'Afrique"... ses pêches au gros : "Le vieil homme et la mer"...
Gertrude Stein qui l'avait accueilli et présenté Paris lorsqu'il y vint pendant les "Années folles" l'avait inclus dans ce qu'elle avait nommé "La Génération perdue". C'était une idiotie qu'Hemingway réfutait. En réalité ce Paris des "Années folles" où toute l'Europe et le monde se réunissaient, a marqué le départ de sa prodigieuse carrière de journaliste, et surtout d'écrivain. Il y revint à la Libération en 1944 pour sabler le champagne au Ritz, après les plages de Normandie.
Un très grand écrivain.
Henry Zaphiratos
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