vendredi 26 novembre 2010

La Vie d'Arséniev d'Ivan Bounine, Bartillat Editions 2005, 478p.

Ce roman est un petit bijou à placer dans sa bibliothèque pour en relire des passages de temps en temps. Ivan Bounine (Ivan en russe = Jean) est un auteur de la diaspora russe de 1917. Il a fui la Russie de Lénine,Trotsky, Staline etc. mais il a emporté avec lui l'âme russe, ce qui est considérable. Pendant que ses compatriotes pleuraient, se lamentaient aux sons des balalaïkas, il écrivait, écrivait, et il a pondu des chefs d'oeuvre dont sa "Vie d'Arséniev", et l'Académie de Stockholm lui a décerné le prix Nobel de Littérature en 1933, avec lequel il a pu vivre et écrire à Grasse. Ce livre respire la jeunesse, l'amour de la vie, l'étonnement devant elle, sa découverte petit à petit, avec un esprit fort et sensible à la fois. Ce qu'il y a d'étrange c'est que les Français ont créé leur littérature, c'est à dire, leur façon de penser, d'être, dès le plus haut Moyen-Age avec, entre autres, Le Roman de Renard, La Chanson de Roland, Chrestien de Troyes et ses Chevaliers de la Table Ronde, Lancelot, puis les chroniques sur les Croisades, les chroniques royales, tout ceci continuant la littérature de l'Antiquité sauvée par l'empire byzantin, Venise, les abbayes et pour certaines oeuvres par des savants arabes. Pour la Russie, sortie des ombres des dominations mongoles, tartares, teutoniques, polonaises, il lui faudra, après la conquête des Terres russes sous Ivan le Terrible, l'amour que la steppe, la neige, la beauté de la nature de la Baltique à la Mer Noire, le Pont-Euxin de la Crimée peuplée de Grecs orthodoxes, l'Orthodoxie, pour qu'éclose et se développe la Littérature et la pensée russes. Ce sera alors l'éclosion d'immenses talents comme ceux de Pouchkine, qui mourra stupidement dans un duel avec un noble français, Nicolas Gogol et son Tarass Boulba, Lermontov, Tourgueniev, dont une datcha est à Port-Marly, Tolstoï, de Guerre et Paix, etc. et aujourd'hui la pleïade d'auteurs russes du XX° et XXI°siècle. Ivan Bounine est de ceux-là.
C'est un livre à lire, si l'on veut être dépaysé, vivre dans de grands espaces avec des sentiments forts et subtiles, et laisser parfois le livre près de soi, les yeux ouverts, plongé dans une profonde rêverie...
19/20
Hermès

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