dimanche 7 novembre 2010

Les Déferlantes, roman de Claudie Gallay, Editions du Rouergue - 2008 "Style Medium Classe"

C'est un roman écrit pour la medium classe soumise à un stress permanent. Pas un mot de trop. Un style lisse, des histoires de gens modestes qui s'entrecoupent dans un petit port de pêche, près d'un phare, d'une maison quasi délabrée, d'un restaurant-bar, lieu de rencontre obligé des pêcheurs, des désoeuvrés, le tout battu par des flots le plus souvent déchaînés, à la pointe de la Hague, près de Cherbourg (là où la flotte de Tourville essuya la défaite navale de la Hougue).
La narratrice ornithologue, sortie de l'Université, a pour mission de décompter, et suivre les nichées des oiseaux de cette région de la presqu'île du Cotentin. On apprend qu'elle a quitté le sud de la France pour fuir le souvenir de son amant disparu. Dans ce coin perdu elle croise Lambert, un homme qui revient au pays pour vendre la maison de ses parents et retrouve des souvenirs douloureux. Les histoires se mêlent. Il y a celle que l'on appelle La Mère, une vieille édentée qui a gardé en travers les souvenirs des frasques de son mari, et qui, extrait :"lapait sa soupe comme un animal assoiffé...", la bistrotière, un sculpteur, Raphaël, et Morgane etc. Un petit monde que l'on découvre au fil des pages, un ton bas, taiseux ou peu loquaces, des sentiments enfouis dans des replis sombres, des gens de mer qui surveillent si des navires venaient à couler pour profiter des "épaves", comme celles de ce capitaine anglais Sir John Kepper, etc. L'histoire se déroule dans le fleuve tranquille de la vie, et se termine par l'amour retrouvé près du calme d'une abbaye montagnarde.

Claudie Gallay a choisi d'écrire aussi un ton "bas", presque chuchoté. Et quoique sa narratrice sorte de l'Université, elle lui fait parler "bistrot". Peut-être qu'institutrice, l'auteure a-t-elle douté des capacités littéraires de ses lecteurs. Ainsi tout le bouquin est-il truffé de : "...quoi ? elle a demandé" pour "demande-t-elle", "elle a continué" pour "continue-t-elle", "elle a grincé", ...j'ai dit.",pour "grinça-t-elle... ai-je dit "... il a dit" pour a-t-il dit, "... j'ai dit brusquement.", pour "ai-je dit brusquement" etc. Mais c'est vrai que cela aurait fait trop "écriture à la Balzac" et qu'un certain public que l'auteure et l'éditeur visent, n'aurait pas compris... Parfois l'auteure détaille les situations dans des phrases comme celles de cet extrait: "-On avait le même positionnement à l'école, son coude là et le mien juste à côté", pour "à l'école nous étions assis côte à côte".

Claudie Gallay raconte sur un ton neutre cette histoire de tous les jours. Et elle a eu raison : Le livre a trouvé un lectorat considérable, on dit qu'il s'en est vendu 300.000 exemplaires... Ce qui semble dire que l'auteure dans son langage feutré, "positionné CM2", a fait découvrir un monde d'entrelacs familiaux et sentimentaux à un large public qui était en manque d'histoires provinciales, où les hommes et les femmes sont "à l'ancienne", bien dans leur rôle respectif, où chacun écoute chacun, le coude sur le comptoir.
Note 12/20.
Hermès

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