dimanche 21 août 2011

Roland Barthes et Paul Valéry... le lecteur devient auteur en lisant. Ext. de Wikipédia

"... D'autre part Barthes souligne que l'approche traditionnelle de la critique littéraire soulève un problème complexe : comment peut-on connaître précisément l'intention de l'auteur ? Sa réponse est qu'on ne le peut pas. Il donne comme exemple Sarrasine d'Honoré de Balzac, texte dans lequel un homme prend un castrat pour une femme et en tombe amoureux. Quand le personnage (Sarrasine) délire sur celle qu'il croit être l'image même de la féminité, Barthes défie les lecteurs de trouver qui parle et de quoi : Balzac ou son personnage1 ?
Autrefois, lorsqu’un auteur était « consacré », tous ses écrits devenaient automatiquement œuvre, y compris la correspondance, les brouillons, etc. Maintenant que l’auteur est mort, un écrit devient œuvre (ou « texte » dans notre cas) si son contenu est conforme à l’idée que l’on se fait de l’auteur. De nombreux exécuteurs testamentaires ont brûlé la correspondance d'écrivains célèbres, pensant qu'elles pouvaient ternir l'image du disparu. Ils l'ont fait soit de leur propre chef, soit à la demande de l'auteur2,3.
Si l'on découvrait demain un manuscrit écrit de la main de Roland Barthes (l’homme) mais ne correspondant pas au style de Barthes (l’écrivain), pourrait-il être délibérément omis de ses œuvres complètes (qui pour le coup ne le seraient plus) ? Ce n'est pas impossible. Le nom de l’auteur sert en somme de désignateur à son travail. Dire « avoir lu tout Roland Barthes » signifie avoir lu ses œuvres, et non l’homme. De même, si l'on découvrait que son texte La mort de l'auteur a été écrit de la main d’un autre, cela changerait la conception de Barthes-écrivain, mais pas de Barthes-l’homme. L’auteur est donc construit à partir de ses écrits, et non l’inverse. L’auteur n’est plus à l’origine du texte ; celui-ci provient du langage lui-même. Le « je » qui s’exprime, c'est le langage, pas l'auteur. L’énonciation est ici une fonction du langage.
Pensée cousine de celle de Paul Valéry dans Tel Quel, lorsque celui-ci y indique :
"Quand l'ouvrage a paru, son interprétation par l'auteur n'a pas plus de valeur que toute autre par qui que ce soit.
Si j'ai fait le portrait de Pierre, et si quelqu'un trouve que mon ouvrage ressemble à Jacques plus qu'à Pierre, je ne puis rien lui opposer — et son affirmation vaut la mienne.
Mon intention n'est que mon intention, et l'œuvre est l'œuvre.""

Intéressante étude in Wikipédia.

Cela rejoint la conception que Gustave Flaubert avait de l'art. L'oeuvre vit sa propre vie; elle a quitté l'auteur pour s'animer de sa propre existence dans l'âme de celui qui la reçoit.

Hermès

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