mercredi 15 février 2012

Une Année studieuse de Anne Wiazemsky, Gallimard, 264p. 2011

On s'attend avec ce joli titre, à la fraîcheur et à l'élégance d'un roman à la Sagan, ou à la Colette, mais on est vite désenchanté. Au lieu de "roman", l'auteure aurait pu mettre sur la couverture "Relation" ou "Récit" ou "Procès-verbal". Car il s'agit bien de cela dans cette chronique "amoureuse" des années 1966. L'héroïne a dix-huit ans, a tourné dans "Au hasard Balthasard" de Robert Bresson, passe son bac. Son grand-père est François Mauriac. Elle fréquente la rue Sébastien-Bottin, Antoine Gallimard qui a son âge, Francis Jeanson, qui deviendra son prof de philo pour l'aider à passer l'oral de son bac... Où, à celui-ci, l'un des examinateurs pour l'épreuve orale d'histoire demande à un des candidats voisins pages 61/62 :" Que savez-vous de la Résistance en France ? -Heu, la France, c'était que des Résistants. - Mais non, pas tous les Français ! Comment s'appelaient les Français qui n'étaient pas des Résistants ? - Heu... Je soufflai : -Collabos... -Collabos répéta docilement le candidat. -...rateurs, corrigea notre examinateur en feignant de m'ignorer." Ainsi pour l'auteure, prof etc. pendant l'Occupation, il y avait les Résistants et tout le reste de la population était des collabos... ! La jeune fille, mineure à l'époque, car VGE n'avait pas encore fait voter la loi ramenant la majorité à 18ans, vit une histoire d'amour avec Jean-Luc Godard qui sort de son mariage avec Anna Karina. D'où le choc de la lutte des "classes" entre la famille rangée, haute-bourgeoise de Passy-Auteuil-Théophile-Gauthier, et un cinéaste déjà célèbre par son "A Bout de souffle" notamment, qui vole de succès en succès sur les ailes de la Nouvelle Vague et les Cahiers du Cinéma, mais qui a un côté sulfureux de "maoïste", d'intellectuel total, vivant de citations, de livres, de pellicules, de clichés, de pub, écrasant et méprisant le "vieux cinéma" de René Clair, Christian-jaque, Claude Autant-Lara etc. Le cinéma des "Bourgeois", des "Petits-bourgeois"... Et l'héroïne se révolte contre son "milieu" etc. Le livre d'un itinéraire. Mais malheureusement sans talent d'écriture. On tourne les pages dans la platitude la plus totale. Pas de flamme, pas de passion. A moins que tout cela ne se soit éteint amèrement... Mais on ne ressent pas même l'amertume...Un livre sans âme. Et parfois on est secoué par une révélation familiale, de l'intime, de ce qui n'est pas passé par le filtre de l'art, de l'écriture d'un vrai écrivain... Comme ce passage, page 70 :" A nouveau il(le grand-père, François Mauriac) exigea que je me sépare de la petite chienne et à nouveau je refusai. Sa colère atteignit son comble :- Tu as toujours fait ce que tu as voulu, mais plus ça va, plus ce que tu veux est fait pour ennuyer les autres. Ta volonté est dirigée contre nous et j'en ai assez, plus qu'assez ! Je fais ce que je peux pour toi, ton frère, ta mère! Je vous fais vivre et, çà, tu ne le comprends pas...". ......... C'est brossé à grands traits comme une provocation. Cela frôle le sordide... La jeune fille riche, comblée est obligée de suivre des cours à l'Université de Nanterre, et non à la Sorbonne... Alors quelle découverte : page 78 "Il y avait(métro qu'elle appelle Nanterre-la-Folie)beaucoup d'étudiants, de professeurs, de mécaniciens de chez Simca et d'ouvriers, algériens pour la plupart... de chaque côté du chemin, s'étendaient des bidonvilles misérables et les chantiers des nouveaux HLM où travaillaient les ouvriers."... Un livre écrit sans style, qui n'a aucun intérêt littéraire... Peut-être si ! des anecdotes pour les lecteurs des "Cahiers du Cinéma". 5/20 Hermès .................................................................................. Post Scriptum : La presse annonce que ce livre a été vendu à 45.000 ex. à ce jour. Comme quoi...

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