samedi 1 juin 2013

Les Impressionnistes au bord de l'eau, Expositions Paris-Normandie - par Sabine Gignoux - La Croix -

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La preuve en un florilège de tableaux exposés à Paris et à Caen.
En 1847, l’ouverture de la ligne de chemin de fer Paris-Le Havre bouleverse toute la côte normande. De paisibles villages de pêcheurs, dans le bocage du pays d’Auge, vont connaître un remarquable essor. 
Encouragée par Napoléon III qui a offert à son épouse une somptueuse villa à Biarritz, toute la riche bourgeoisie du Second Empire s’entiche soudain des bains de mer et de leurs vertus supposées thérapeutiques. Elle débarque en grand équipage sur les plages de Sainte-Adresse, près du Havre, pousse jusqu’à Honfleur et Trouville, rallié en navire à vapeur.
Fils d’un marin honfleurais, Eugène Boudin assiste en témoin privilégié à cette révolution des mœurs. « Courir après les bateaux, suivre les nuages le pinceau à la main » devient son quotidien. Grâce aux nouveaux tubes de peinture (inventés en 1841) qui permettent de travailler en extérieur, il croque dès 1862 « ces Parisiennes qui sortent comme les libellules aux premiers effluves de chaleur et qui sont belles et coquettes à souhait ».

LES PEINTRES DESCENDENT SUR LA PLAGE

Ses tableaux, au Musée Jacquemart-André à Paris et au Musée des beaux-arts de Caen, saisissent avec tendresse le vent dans les crinolines, les chaises traînées sur le sable en un salon improvisé. Des cabines à roulettes tirées par des chevaux permettent même aux pudiques d’entrer directement dans l’eau, accrochées à une corde !
Boudin entraîne sur la plage son jeune ami Monet, « fasciné par ses pochades, filles de l’instantanée ». Et bientôt c’est toute la bande des « impressionnistes » qui prend ses quartiers d’été en Normandie : Bazille, Degas et Mary Cassatt, Berthe Morisot et son cher Manet… 
Tous à l’affût de modernes sujets : les régates à la mode, les corps qui se dénudent peu à peu et cette « Côte Fleurie » par un chatoyant parterre de grands hôtels, casinos et établissements de bains, de Dieppe à Cabourg en passant par Trouville-Deauville…

ÉCHOS INTERNATIONAUX DE L’IMPRESSIONISME

Si tous ces artistes sont représentés au Musée de Caen, l’exposition fait aussi la part belle à des scènes balnéaires de Gauguin, des nabis, des néo-impressionnistes et d’autres figures, un peu oubliées comme Paul-César Helleu, grand ami de Marcel Proust qui s’en inspira pour son personnage du peintre Elstir. 
L’accrochage présente également quelques échos internationaux de l’impressionnisme, par exemple sous le pinceau merveilleux de l’Espagnol Sorolla ou, plus inattendu, de l’Américain Sargent, auteur d’une irrésistible sieste en barque, sous les saules, éclaboussée de lumière. Rien que pour ce coup de soleil, il faut reprendre le train dare-dare vers la Normandie !
SABINE GIGNOUX  - La Croix -
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