jeudi 30 mai 2013

Des livres et une Rolls, F.S.Fitzgerald - Grasset Edit. 220p. 17€ 2013


C'est un livre magnifique composé d'articles de brillants journalistes américains retraçant des interviews de l'auteur de Gatsby le Magnifique de L'Envers du Paradis etc. F.S. Fitzgerald a une vingtaine d'années, il sort des études, n'a pas pris son diplôme de Princeton, vient de passer trois ans comme lieutenant de l'état-major du général Drian, mais sans faire la guerre, en restant aux USA, et démobilisé en 1918, se jette ivre de jeunesse et d'enthousiasme littéraire dans la vie jeune et joyeuse de l'Amérique nouvelle. Trois mois comme concepteur de slogans pour l'affichage publicitaire sur les tramways, les bus, le métro, la vente de deux nouvelles à des revues américaines, un pari, il s'enferme pour trois mois dans la maison de ses parents à Saint Paul, dans le Minnesota, et pond "L'Envers du paradis", qui après plusieurs bouquins refusés par les éditeurs, est accepté, publié, et traitant de SA GENERATION, des JEUNES DE SON EPOQUE, anti-victorienne, décontractée, "délurée" pour les jeunes filles, entre se soûler la gueule et danser, avoir du fric ou travailler pour en avoir, connaît un très grand succès...
Le jeune F.S.Fitzgerald est lancé pour les ANNEES FOLLES...

Ce livre est vraiment formidable car il résume toute une époque, toute une jeunesse, qui a contrario de celle qui viendra dans les années 1970 avec la Beat Generation, Kérouac, Burrough etc. est joyeuse, pleine d'allant, et le livre est une merveilleuse description par les journalistes de l'époque de Fitzgerald l'ambitieux, le littéraire, l'homme sympathique, éclatant de vie. Il donne aussi aux écrivains d'aujourd'hui une leçon d'écriture capitale pour les thèmes, le condensé, l'explicitation de leur pensée, la beauté du style.

En France c'est Raymond Radiguet, avec Le Diable au corps, Le bal du comte d'Orgel, qui ressemble à cette jeunesse avec en toile de fond la guerre qui a dévoré les paysages de l'Est de la France, les âmes, les esprits... C'est la littérature de la guerre avec Montherlant, Dorgelès, Céline etc. Fitzgerald n'a pas connu tout cela, seulement une génération américaine intacte et heureuse, dans un pays protégé, loin des champs de bataille... Loin du monde d'aujourd'hui, des attentats, des Twin Towers... entre whisky et danses... La fête quoi...  et l'envers de la Fête !
Les interviews se terminent lorsque F.S.Fitzgerald a la quarantaine, que Zelda est malade, internée, lui alcoolique en lourde cure de désintoxication dans une chambre d'une auberge de Grove Park. L'envers de sa vie.
Tout écrivain devrait avoir ce livre dans sa bibliothèque comme il doit avoir "Lettre à un jeune poète" de Rainer Maria Rilke.

18/20
Hermès

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