mercredi 8 mai 2013

LES MENTEURS de Marc Lambron... Grasset Edit. 336p. 2005 ... "LES CYNIQUES" ...

"Les Menteurs" de Marc Lambron aurait du s'appeler "Les Cyniques". A travers la carrière de ses personnages sortant de Khâgne, Science Po, l'ENA... Pierre, Karine, Claire, puis Isabelle etc. Marc Lambron décrit une génération qui a vingt ans sous Mitterrand et décrit sa trajectoire jusqu'à aujourd'hui (2004)... une génération  d'intellectuels vide, cruelle, jouisseuse, arrogante, et froide, qui est au pouvoir, dans tous les cabinets ministériels, les grandes entreprises où l'Etat a des participations, les sociétés d'Edition, les grandes firmes du 4/40, les traders de haut-vol, les têtes de gondole de la vie sociale, politique, économique de la France d'aujourd'hui... Un constat cuisant qu'il a complété par une série d'articles de ce mois de mai 2013, dans son hebdomadaire "Le Point" sur Frigide Barjot et son frère...
La rupture avec l'Ancien monde est flagrante, comme il y a eu rupture entre le monde de l'Ancien Régime et celui du Directoire, (et non de 1789). Marc Lambron vit dans ce monde, et voit ses personnages évoluer  entre les philosophes, les psychologues à la mode comme Derrida, Lacan... les écrivains qu'ils étudient pour leurs concours, leur cursus, leur carrière... Mais ce monde de la "connaissance" dont ils sont issus de par leur milieu, de par leurs études les conduit à un monde vidé de sa substance, un monde presque éthéré, dans lequel ils survolent leur vie, la vie... et dont les frémissements surnaturels, jouissifs ultimes se perdent dans les sonorités des musiques de rock des Rolling Stones, des Ted Zeppelin etc. dans l'ambiance électrique des agglutinements de masses... On comprend mieux la mentalité des hommes politiques qui gouvernent... Que non ! Qui "dirigent" la France... un clan d' Extra-Terrestres qui ne sentent plus le sol des réalités, emportés qu'ils sont par le silence de leur confort intellectuel, moral dans lequel ils vivent depuis leurs premiers bancs d'école, d'université, de concours, de "promotions", comme la promotion "Voltaire", les chiffres qu'ils manipulent à coups d'ordinateurs. Ils n'ont plus le sens des réalités, sauf celui de leur carrière, de leur compte en banque, leurs primes, de leur copinages (copains-coquins), de leurs points de retraite, de leur futur pantouflage gérontique... De vieux-jeunes...
"Quand la pensée fondée sur la révolte devient le dogme de nouveaux maîtres, quand la haine de l'Histoire fait le lit des amnésiques, quand le publicitaire et l'homme politique se donnent la main pour réduire le chant de la vie à quelques slogans, une certaine dignité meurt, qui est celle de la délicatesse." Page 318
Peut-on ajouter qu'une certaine conception de la vie meurt aussi...
Marc Lambron est un cavalier, il charge sabre au clair, il ne fait pas de détail, c'est la découpe des grands immeubles des grands financiers, de l'aveuglement de la bonne bourgeoisie parentale, de l'inconscience des classes moyennes manipulées par de petits fauves mesquins et cruels par leur suffisance, leur indifférence à la calculette.
Un livre froid, dur, parfois indigeste, mais éclairant.
Le style d'un expert-comptable littéraire.
Une école littéraire semble être née : celle des "Ecrivains du roman Cynique". J'ai l'impression que Yann Moix dont je viens de lire un bouquin en fait partie...  Est-ce Générationnel ?
12/20
Hermès

La Cour des Comptes vient de souligner le montant du coût exorbitant de la Garde Républicaine.
Fin de la spécificité française ? Bains-Douches-Bus Palladium ? Nouvelles élites.

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