vendredi 4 mars 2011

Louis-Ferdinand Celine à la Grande Librairie de François Busnel, le 3 mars 2011

Pour mon aniversaire François Busnel a eu l'excellente idée de m'offrir une belle émission sur L.F.Céline, et il a réuni autour des caméras des biographes,des lecteurs et Fabrice Luchini, qui a reproduit son numéro habituel. Chacun y est allé de "son" Céline, mais tous ont loué l'innovateur qu'il fût dans le maniement de la langue, l'amoureux de La Fontaine et des écrivains "stylistes", son rejet des écrivains-robinets sans style, raconteurs de faits-divers que l'on trouve dans tout être humain, tout commissariat, tout journaliste... On a évoqué son affreux côté anti-sémite, porté qu'il était par l'époque de son enfance où dreyfusards et anti-dreyfusards s'étripaient, puis par une espèce de haine vicérale que l'on ne comprend pas très bien chez un homme venu de la pauvreté, de la difficulté, qui a fait des études brillantes pour devenir médecin, médecin des pauvres, qui a vu sa jeunesse brisée, atrocement mutilée avec tous ceux de sa génération par la Grande Guerre des tranchées, des assauts sanglants, mitraillants à l'aube, et qui a couru toute sa vie pour tenter de gagner de l'argent, et qui a été ballotté, dézingué par l'Eté 40, et qui aurait dû avoir la compassion, l'affection pour tous ces êtres jetés dans des trains pour une mort certaine. Non, il n'a pas vu, il n'a pas ressenti... La seule chose qu'il ait ressenti c'était l'apocalypse du monde dans lequel il vivait, la France petite-bourgeoise, apeurée, jetée dans le chaudron de la guerre, de l'Occupation, avec ces jeunes aryens nazis qui paradaient, tuaient pour dominer l'Europe, le monde, et dans lequel la France n'était qu'une petite province d'un empire sinistre. Et puis quand l'Amérique qu'il avait vue, l'Angleterre qu'il connaissait, la France de l'Outre-mer et de l'espérance qu'il avait reniée, le peuple russe qu'il sous-estimait ont abattu Hitler et ceux qui, en France, avaient osé proclamer : "Je souhaite la victoire de l'Allemagne", et que ceux-ci ont fui, se réfugiant dans le château des Hohenzollern à Sigmaringen, en 1945, il les a suivis, il a tout noté, s'est fait le chroniqueur de leurs ultimes bassesses dans "Un château, l'autre". Langage au vitriol. Céline se réfugiera au Danemark, passera un an et demi dans le cachot des condamnés à mort... Il est revenu en France, l'amnistie est venue... Il vécut à Meudon où Louis Pauwels et d'autres l'ont interviewé. Il était malheureux, désabusé, mais portait toujours en lui cette langue magnifique par laquelle il avait rendu compte de cette époque terrible que fut le XX°siècle. Regrettons qu'il n'ait pas vu pleurer, qu'il n'ait pas vu mourir ces innocents qu'il jetait aux géhennes.
Parmi les biographes présents : Philippe Sollers, François Vitoux, François Gibault.
Hermès

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