samedi 26 octobre 2013

Albert Camus - Etude dans la revue LIRE de novembre 2013 - L'Anti-Proust -

22 pages très intéressantes sur Albert Camus dans ce numéro de LIRE. Son parcours d'enfant pauvre de Mondovi, en Algérie, de membre du football club universitaire d'Alger, de sa vocation littéraire jusqu'au Prix Nobel de littérature, qu'il estimait devoir revenir à son mentor, André Malraux, sa vie chez Gallimard pendant l'Occupation, entre Jean Paulhan, Drieu La Rochelle, Louis Guilloux, ses amitiés, "Combat" et son travail de romancier, qui deviendra célèbre, 7 millions de livres vendus d'après le rapport de son éditeur.
Jean Montenot fait une excellente analyse de ses thèmes.
Un homme qui cherchait, se cherchait.
"la vérité mystérieuse, fuyante, toujours à conquérir;"
"la liberté dure à vivre autant qu'exaltante."
"L'art est le contraire du silence, il est l'une des marques de cette complicité qui nous lie aux hommes dans notre lutte commune."
"Notre seule justification, s'il en est une, est de parler, dans la mesure de nos moyens, pour ceux qui ne peuvent le faire."
Ses oeuvres principales : L'Etranger, La Peste, Les Justes, la  Chute, Caligula, Lettres à un ami allemand, et son dernier texte inachevé : Le Premier Homme, dans lequel il recherche le retour au paradis enfui de son enfance, de sa jeunesse, l'"éternité dans l'instant du bonheur"....
Oeuvres à relire pour savoir si elles ne sont pas trop d'une époque, celle de la guerre, de l'Occupation, d'une atmosphère lourde entre les régimes totalitaires comme le fascisme, le nazisme, le communisme, d'un Paris qui vit au ralenti sous l'Occupation allemande, avec la censure, mais où l'on joue des pièces théâtre, où l'on se fréquente, où on s'écrit entre l'Algérie et la France, où la Résistance se réunit au dernier étage de chez Gallimard, chez Camus, et où, aux autres étages, et dans le comité de lecture, se trouvent des adeptes du fascisme comme Drieu la Rochelle et bien d'autres...  Après la guerre, la lutte entre Albert Camus, anti-communiste,"seul", témoigne sa fille Catherine, dans son interview avec François Busnel, face à Sartre, Jeanson, aux Temps Modernes, crypto-communistes, à André Breton, le pape du Suréalisme etc. Relire son oeuvre  qui pose d'emblée des problèmes métaphysiques, plonge ses racines dans l'inconscient, soulève le voile de la culpabilité, des "autres", de l'absurde... Comment ne pas trouver absurde, difficile, extraordinaire, Contre-nature, cette vie dans la ruche de l'immeuble Gallimard, rue Sébastien-Bottin, à deux pas de la Seine, dans un Paris de l'Occupation, en pleines années de guerre, d'esprits, d'actions antagonistes qui se fréquentent, se côtoient, "travaillent" ensemble, et qui sont pour les uns pour Vichy, la Collaboration, et de l'autre pour la Résistance ? L'un écrivant dans Je suis Partout, l'hebdo collaborationniste, et l'autre dans Combat ?
Epoque terrible et déchirante qui fera naître l'Absurdie des oeuvres de Cioran, d'Eugène Ionesco, d'Arthur Adamov...
Les critiques ont remarqué le style dépouillé, froid, de Camus. Une "pellicule cinématographique", qui "enregistre" dans le genre du style d'Ernest Hemingway : sujet-verbe-complément. Style "journalistique" des téléscripteurs, que l'on surnommera l'écriture "blanche".
Une littérature "cérébrale", dont il manque une dimension essentielle de l'être humain : l'amour. Il est très loin, ce qui a fait son originalité de la littérature ambiante, même engagée comme celle de Malraux ou de Sartre. Camus est à l'opposé de Marcel Proust.  Deux arts différents, deux visions du monde, différentes.
Chez Camus, c'est l'esprit de révolte de l'homme contre lui-même, et contre une époque en proie à des idéologies meurtrières, et plongée dans une guerre mondiale effroyable.
17/20
Hermès

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