mardi 8 octobre 2013

BILLIE, d'Anna Gavalda, Le Dilettante Edit. 224p. 15€ Le triomphe de La Balasko

Le personnage de Billie fait irrésistiblement penser à Josyane Balasko dans tous ses rôles d'époustouflantes  banlieusardes à cheval sur le "Périphérique", les bidons villes, la province perdue, le quart monde du"Père Noël est une ordure", de  "La vie est un long fleuve tranquille" etc. Anna Gavalda a retrouvé toute la verdeur d'expression, la puissance évocatrice de ce genre de personnage. L'école, les contacts ne servent qu'à se révéler ce que l'on est, d'où l'on sort, et à quoi on se trouve enchaîné dès sa naissance, son enfance malheureuse, brisée dès le début par une "mère" qui aime la voix de Billie Hollyday , mais n'aime pas l'enfant qu'elle a mise au monde, lui a donné "Billie" comme prénom et a foutu le camp illico presto. La rencontre et l'amour avec Franck illumine cette vie... L'étude de Camille de "On ne badine pas avec l'amour" de Alfred de Musset, pour une représentation scolaire les réunit, permet à Billie (Balasko) de rencontrer un autre monde... Mais c'est trop tard. Les jeux sont faits... malgré un happy-end laborieux.
Reste le rôle de l'art, de la littérature, de la pensée qui passent en "contrebande", à travers des livres, des profs, des rencontres. et c'est ce qu'Anna Gavalda a privilégié dans le roman.
Un roman au bord du misérabilisme, à l'écriture qui s'entend comme celle des "d'jeunes", vulgaire, de 2013, avec souvent un mouvement de la parole, de la pensée qui ne sont plus de la narratrice Billie, cette pseudo-Balasko, mais de l'ex-prof, la romancière, qui veut faire passer un message à travers cette histoire...
Peut-être qu'Anna Gavalda veut conquérir un  public de jeunes... public fasciné, figé sur ses sms, sur Internet, ses jeux videos... en adoptant son langage, ses postures... Mais auront-ils la patience de se farcir plus de deux cent pages de soliloque d'une "d'jeune" en langage balaskien ?
350.000 exemplaires auraient été dispatchés dans les librairies et les e-ventes.
Un livre intéressant pour les collèges pour le brillant dépiautage des personnages de Camille et Perdican. 
Il semblerait que les écrivains de ce début de siècle se sentent obligés de se servir des "béquilles" des grands auteurs classiques pour appuyer leur propos. On a eu le rappel de Balzac, celui de Flaubert, de Montaigne, dans un film, celui de Voltaire etc. On a l'impression qu'ils se sentent un peu perdus dans ce monde, et qu'il leur faut à tout prix surnager à la marée des livres... en se raccrochant à des noms, à des oeuvres célèbres du passé, quitte à payer un lourd tribut à la finesse...
12/20
Hermès

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