jeudi 24 octobre 2013

Les Illusions perdues... de Balzac... vues par Marcel Proust :

"La lecture de cet admirable livre qui s'appelle Les Illusions perdues restreint et matérialise plutôt ce beau titre : Illusions perdues . Il signifie  que Lucien de Rubempré venant à Paris s'est rendu compte que Mme de Bargeton était ridicule et provinciale, que les journalistes étaient des fourbes, que la vie était difficile. Illusions toutes particulières, toutes contingentes, dont la perte peut l'acculer au désespoir et qui donnent une puissante marque de réalité au livre, mais qui font  rabattre un peu de la poésie philosophique du titre. Chaque titre doit être ainsi pris au pied de la lettre : Un Grand Homme de Province à Paris, Splendeurs et Misères des Courtisanes, A combien  l'Amour revient aux Vieillards, etc. Dans La Recherche de l'Absolu, l'absolu est plutôt une formule, une chose, alchimique que philosophique. Du reste il n'en est peu question. Et le sujet du livre est bien plutôt les ravages que l'égoïsme d'une passion étend dans une famille aimante qui la subit, quelque soit d'ailleurs l'objet de cette passion. Balthazar Claës est le frère des Hulot, des Grandet...
...Le style est tellement la marque de la transformation que la pensée de l'écrivain  fait subir à la réalité, que dans Balzac, il n'y a pas à proprement parler de style... le style ne suggère pas, ne reflète pas : il explique. Il explique d'ailleurs à l'aide des images les plus saisissantes, mais non fondues avec le reste, qui font comprendre ce qu'il veut dire, comme on le fait comprendre dans la conversation, si on a une conversation géniale, mais sans se préoccuper de l'harmonie du tout et de ne pas intervenir.... "Le rire de M. de Bargeton était comme des boulets endormis qui se réveillent..."  " On ne pouvait pas ne pas comparer M. X... à une vipère gelée."
Note de lecture : "Avec Marcel Proust" H.Z.

C'est pratiquement un "tiers", l'auteur, qui assiste au déroulement de l'action et qui "commente" les personnages... Nous sommes plongés dans le roman avec l'auteur qui s'exclame, commente...
Hermès

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