Le titre original anglais de ce livre est " BACK TO BLOOD", traduction littérale "RETOUR AU SANG", le sang de l'ethnie, de la famille, du monde dont on vient, retour au sang des origines... Tom Wolfe est un grand écrivain. Il sait lire dans les pensées de ses personnages, il sait, par son "quatrième oeil", une caméra subjective incorporée dans leur âme, détailler les moindres variations de leurs sentiments, de leurs réflexions au moment où leur esprit est en branle du fait du contact avec l'"AUTRE", celui qui est devant lui, avec qui il va parler, à qui il parle, de même pour l'interlocuteur, les interlocuteurs, ce qui fait un tableau serré de ce qui se passe, des événements, de l'action, du drame ou de la comédie, de la vie en un seul mot. C'est du grand art. Il se sert de ses "cellules grises" pour vivre "avec" et "devant" ses personnages. Et ce qui fascine c'est qu'il décrit sans décrire, en vivant littéralement ce qui se passe.
Les événements que vivent ses personnages sont explosifs ! Explosifs pour la 'bien pensance"! Il est probable qu'un tel livre, écrit par un romancier français, dans la situation actuelle, aurait provoqué une levée de boucliers, un tollé général, des plaintes,des procès, des anathèmes, et que pour cette raison aucun éditeur n'aurait osé publier. Mais Tom Wolfe est américain, le pays de la liberté totale, et Tom Wolfe romance sur la Floride d'aujourd'hui, sur le Miami -Mee-AH-mee-Quoâ !- comme il l'écrit en onomatopée créole. Une Floride (les Etats-Unis en filigrane) divisée, partagée, entre des WAPS minoritaires, blonds, yeux bleus, qui ont leurs prénoms bien anglo-saxons, leur numérotation snobs, Senior, Junior, ou I, ou II, comme Bush Junior, Rockfeller IV etc. les Cubains, qui ont le droit d'asile dès qu'ils ont mis le pied sur le territoire américain, les afro-américains, les Haïtiens, dont l'élite s'enorgueillit de parler excellemment le français, et méprisent leurs compatriotes (85%) qui ne parlent que créole... Tom Wolfe décrit la hiérarchie qui s'est installée dans l'esprit de toutes ces "tribus" les unes par rapports aux autres, les écoles, les administrations, la police, la vie quoi...
Un livre très fort, d'un écrivain qui a plongé dans son sujet, dans un univers où il voit chacun se retrouver à l'aise dans son monde, dans sa peau. On comprend mieux l'acharnement d'un Michaël Jackson à devenir "blanc", on devine pourquoi les grands couturiers préfèrent les grandes, jeunes russes, polonaises, baltes, scandinaves blondes aux yeux bleus... La fascination qu'opère sur les Américains la culture, le raffinement, l'art français... le summum de l'art de vivre.
Le grand défaut de ce bouquin c'est qu'au-delà de la 250° page, il devient fastidieux, répétitif et fatigant à lire. On plonge dès la première page dans une ambiance de "merdia-cul-pétasses-brigade-escrocs" etc.
Un livre sociologique et politique qui nage dans la mélasse de ce qui n'est plus une civilisation.
Très belle traduction...
14/20
Hermès
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