mardi 23 juillet 2013

ON/OFF, de Ollivier Pourriol, Nil Edit. 356p. 2013 / Une Saison en enfer-doré...

Un bouquin très intéressant particulièrement pour tous les journalistes, futurs journalistes, hommes ou femmes de radio, intéressant pour les écoles préparant au métier des  médias, intéressant aussi pour les hommes politiques. Le décryptage au scapel de l'organisation, la vie hiérarchique dans une station de radio dite "populaire", qui ne veut se mettre qu'au niveau lambda de son public, et dont l'émission où a travaillé pour quelques chroniques, quelques interventions "culturelles" ou "quasi-politiques" l'auteur de ce livre. Le rythme surchauffé de l'émission, la structure de vitesse d'élocution, la composition de l'émission, l'obligation de terminer toute interview sur une question pour laisser le sujet en attente, les coupures etc. tout est disséqué dans ce livre en profondeur et avec talent. Pendant un an, l'année des Présidentielles, Ollivier Pourriol a été engagé comme chroniqueur littéraire à Canal + pour "Le Grand Journal". Il a joué l'"intellectuel de service" (Bac + 12 !!!) somptueusement payé, pour apporter cette "touche" de plus à l'émission populaire, surtout que l'on entrait dans les zones d'interviews des hommes politiques, candidats aux Présidentielles : Sarkozy, Bayrou, Hollande, Dupont-Aignan, Marine Le Pen etc.
En réalité,  il a servi de "Faire-valoir" chicos au Grand Journal... L'émission se devait d'avoir un intello, pas trop... d'où ce choix d'un prof de philosophie, un peu "Onfray" mais moins super-prof... amoureux de Jacques Prévert, (qui n'aime pas Prévert ?) Robert Desnos (qui n'aime pas Desnos ?), Baudelaire, Flaubert etc. pouvant citer Nietzsche ou Jung...Dante...(tout le monde connaît) sans s'intéresser le moins du monde aux écrivains ou poètes vivants. Bref une dilection pour une littérature ENS en conserve. Pas de choix intellectuel révolutionnaire ou avant-gardiste. Même la crainte ou le holà pour un mot du vieux français méprisance (bien employé) avec une "leçon" historique que les écrivains ont remplacé le S par l'accent... Pédanterie pas loin.
L'intérêt du livre réside en ce dévoilement très pointu des dessous des émissions, les truquages, les coupures, etc. et de l'étude du ciblage des téléspectateurs moyens : Extrait :" Et dans les études qu'est-ce qu'ils nous disent ? Ne cassez pas nos rêves. La téléréalité c'est tout ce qu'on a. Alors n'utilisez pas votre intelligence juste pour vous foutre de nos gueules.C'est assez dur comme ça d'être pauvres. Si en plus vous nous prenez pour des cons..." dixit l'un des directeurs de la chaîne. page 318.

A noter que presque la totalité des innombrables nouveaux livres adressés par les Editeurs par leur service de Presse ne sont pas lus, qu'ils sont rassemblés dans un dépôt et qu'ils sont distribués aux prisons et hôpitaux. Histoire de faire de la place, et d'éviter les encombrements. Que ceux qui sont "lus" sont en réalité feuilletés après "reniflage", puis lecture de la première et de la dernière page, de la page 100, avec la 4° de couverture, et c'est tout. Les livres, sauf ceux ayant trait à un événement médiatique traité par Canal +, sont ainsi envoyés dans un vide sidéral.

Super intéressant.
16/20
Hermès

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