mardi 24 septembre 2013

Le danseur russe de Monte-Carlo, de Abilio Estévez, Grasset Edit. 268p. 2012, 18€

Pas de "danseur russe", pas de "Monte-Carlo", un titre trompeur, aguicheur pour leurrer. Astuce d'auteur, d'éditeur. Roman fourre-tout, mais le mot roman est fait pour cela : fourrer dans les pages tout ce qu'un écrivain veut dire, ou tout ce qu'il s'arrache de la cervelle pour tenter d'intéresser un lecteur, un éditeur...
Ici, pas lourd.
Un prof de la soixantaine, un cubain, d'une famille naguère aisée, instruite "éduquée" à la castillane, pommé dans le Cuba du sinistre Fidel Castro... de la "Révolution" du XIX° siècle d'Espagnols-Cubains, contre les Espagnols d'Espagne, avec un José Corti, issu de la classe des intellectuels Cubains, diplômé en Espagne, une "Révolution", en réalité gagnée par les Etats-Unis en 1898, qui prennent à l'Espagne : Cuba, Porto-Rico, les Philippines, Guam, Hawaï. Suite de cette guerre dont le Washington Post avait écrit à la veille de la guerre dans un éditorial : « Nous sommes confrontés à un étrange destin. Le goût de l’empire règne sur chacun de nous comme le goût du sang règne dans la jungle»
Un prof de la soixantaine, donc, Constantino Augusto de Moreas a osé suggérer dans le paradis de Castro, que peut-être le poète-révolutionnaire José Marti était homosexuel, et pour cette raison est déchu de son poste de prof et envoyé aux travaux forcés pour casser de la canne à sucre afin de fabriquer "L'Homme Nouveau" cher aux communistes... Style la fameuse "Révolution Culturelle" de Mao-Tsé-Tung, qui envoya des millions d'intellos dans les labours, et fracassa une belle partie du patrimoine artistique de la Chine millénaire...  OK. Notre prof réussi à se faire porter pâle, a la chance d'aller en Espagne, invité par une université... et se fait la belle. Il erre dans les rues de Barcelone... revit son histoire, en serrant précieusement un petit bouquin de son adolescence, enfoui dans sa poche : des extraits des Mémoires d'outre-tombe" de Chateaubriand, surtout du chapitre 10 "Fantômes d'amour" de toutes ces femmes qu'il imaginait.
A travers cette errance, l'homme vieilli, brisé, croise ses souvenirs, ses réminiscences, chants, danses, films, musique, opéras, symphonies... Tout le tissu de sa vie d'amoureux de littérature et d'art.
Plus castillan que cubain.
12/20
Hermès

Aucun commentaire: