"Nous avons dansé tout l’été. Un bel été
où tout est neuf, où l’on fend l’air frais, sous les ombres des platanes, dans
des avenues riantes, avec la mer infinie devant soi. Sur le panneau du lycée
Masséna j’ai lu mon nom : j’étais reçu. Ce à quoi je m’étais obligé, ces
années d’adolescence : une quête de connaissances dans une traversée
solitaire, souvent douloureuse, pressée par la guerre, parfois enthousiaste,
avait trouvé son aboutissement. J’avais le bac ! Je me sentais libre de
mon avenir, libre de choisir ma voie. Et je dansais dans un tourbillon de
fêtes, un tourbillon de jeunes filles qui entouraient Géo, ma cousine. Les
nuits de Nice étaient bleutées. Je découvrais sa baie et le léger ressac,
illuminés. Pendant ces quatre années, je n’avais pas plongé dans la mer, aussi
je la redécouvrais avec délice. Je redécouvrais mon corps, l’univers des jeunes
filles. Tout si différent de l’époque de NT. La mer n’était plus la même,
l’univers avait changé. J’avais changé. Géo un matin, dans l’appartement que ma
mère avait loué pour les vacances, avait posé son bol de chocolat, m’avait
inspecté de haut en bas et avait déclaré : « Milley, tu as une petite
moustache. Sianne te plaira. »"
La Vie de Milley Brose, extrait. Henry Zaphiratos
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