dimanche 30 septembre 2012

Journal... extrait de La vie de Milley Brose...


"Long téléphone de L.
Heureuse de me parler, la « jeune-vieille ». Le poids fantastique de l’enfance, de l'adolescence. Dès que l’on se parle, s’entend, le cœur, le cerveau courent plus vite, se retrouvent, retrouvent les sensations, les rues, les places, la plage, les regards riants, les colères homériques, les robes d’été, le parvis de la cathédrale, la robe de communion. C’est un enchaînement sans fin de joie, de tendresse. Nous crions, nous hurlons, nous sommes heureux ! Nous avons été heureux !

Elle me dit son aversion, son étonnement pour les massacres de l’Europe sous les bottes allemandes. Elle me dit l’allergie que sa fille, qui n’a rien connu des guerres, qui est toute jeune par rapport à ce siècle évanoui, éprouve au seul son d’un parler allemand, cela lui provoque des crises d’eczéma. Etrange, étrange ! La peur d’un nouvel ensorcellement, d’une nouvelle tragédie. Elle me dit ne pas souffrir la musique des cuivres triomphants des Mahler, Wagner, et autres Berlioz. J’essaie de lui parler de Mozart, elle n’est plus là, elle évoque les musiciens d’Asie, leur musique tirée du seul bois. Elle est ailleurs. Elle est à D, dans les forêts de D. dans ses dix huit ans."
Extrait "La vie de Milley Brose"
HZ.

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