"Pris un pot à l'Oriental avec Richard, toujours aussi beau et décontracté. Il aime bien le Siam, mais commence à s'en lasser(le sexe sans ses interdits n’aurait-il plus de charme ?) J'admire son visage lisse,... nous jouons un jeu très agréable d'être tous deux au-dessus de tout, de nous tendre la main et le coeur, d’être sur une autre planète, exotique à souhait, avec ses boys immaculés, son luxe, son raffinement. Des Anglais ou peut-être des Suédois, à quelques tables de nous parlent avec cette lenteur de seigneurs. J'ai tout oublié, je me suis grisé tout l'après midi de tout et de rien, nous sommes allés sur Syphia-Road, puis près du marché flottant, Richard s'est acheté de nouveaux sarongs de brocard. Le soir nous avons rejoint A.un gros bénêt de la banque, rivé à son costume, rouge de chaleur sous le ventilateur, qui nous a fait le rapport d'une journée de travail, en ajoutant :"Ce n'est pas sérieux Richard, vous avez été absent toute la journée". Et Richard avec un doux sourire le désarme d'un: "Je me confie à vous".
Week-end à Paknam sur le Golfe du Siam. Embouchure du Ménam, rien, le vide à part quelques maisons sur pilotis, pas de plage comme à Kep, la terre à fleur d'eau.Le bungalow de Pranit suspendu au-dessus du fleuve. Le soleil partout qui flambe l'air ; avec son canoë à moteur, sortis vers la mer. Paysage lagunaire, dilution des âmes et des corps, pays féminin qui reçoit et fait vibrer la part intime de l'être. Les hommes et la terre ne faisant qu'un, absorbant les rares conquérants qui s'y sont risqués. Les milliers de jeunes portugais des XVI°,XVII° Siècles que le goût de l'aventure avait emporté sur ce rivage, assimilés, mêlés à ce mélange de Thaïs, de Chinois, de Malais, de Mongs et de Khmers (40% de la population seraient d’origine khmère d’Angkor)
Après le bain dans le fleuve, je porte le sarong, bien plus agréable que le pantalon ou le short.
Les terres ne sont vierges que pour ceux qui les voient telles. Le sourire d'une femme de Bangkok ou Paris n'a toujours que le même parfum d'aventure qu'on lui prête, de même que le souffle de la mort comme celui de la vie n'entoure que celui qui n'en perçoit que l'effluve."
Henry Zaphiratos (Devant la mer)
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