Après avoir détruit l'armée autrichienne Napoléon Bonaparte marche sur Venise :
"Le 10 Mai 1797;
Les Français sont à Mestre; toute résistance est inutile; la Sérénissime a fait venir des troupes dalmates, mais pas en assez grand nombre. Venise risque, sans fruit, le pillage et l'incendie .""Ce soir, nous ne dormirons pas dans nos lits."
Mémoires de Ludovica Manin, le dernier Doge.
Extrait cité par P.Morand dans son "Venise".
Puis cette chronologie qu'il a reprise :
"Le Conseil des Dix décide de faire savoir au consul Villetard que le gouvernement Vénitien accueillera les troupes françaises "amicalement". Le mot est de trop : « que les Vénitiens gardent pour eux leur amitié. » répond Villetard au Doge.
Le 12 Mai, les troupes slavonnes se rembarquent de la Giudecca pour la Dalmatie. Entrée des Français. Sera-ce la tuerie ? Non. Manin verse des larmes comme on n'en avait pas versé depuis Diderot.
-Sept jours plus tard, bal et fête masquée à la Fenice ; gardes français et vénitiens aux portes.
-Le 22 Te Deum à Saint-Marc.
Contribution de guerre; otages; incinération du Livre d'or de la noblesse véntienne.
-Nouvelle fête à la Fénice, sans grand succès .
Bonaparte à quelques lieues de Venise, s'est écrié :"Io sarô un Attila per lo stato veneto".(son côté Gênois, République rivale de Venise, Bonaparte venant de Gênes ?)
-Le général Baraguay qui loge au palais Pisani donne une réception; la collaboration est languida.
-Arrivée d'une commission du Directoire qui fouille les bibliothèques, emporte cinq cent livres ou manuscrits rares et trente des meilleurs tableaux. (Vivant Denon)
-Le 14 Août, Masséna s'installe au palais Gradenigo.
-Les familles qui possèdent plus d'une gondole doivent s'en dessaisir en faveur de l'occupant,avec les gondoliers qui se nourriront eux-mêmes; les requis s'enfuient.
-Néanmoins cinq théâtres restent ouverts.
-Arrivée de Sérurier, avec un grand état-major;
-L'Arsenal est vidé; on met le feu au Bucentaure.
(Mémoires de L.Manin, dernier Doge de Venise 1886)
« Elle( Venise) voulait éviter pillage et incendie; le nom des généraux vainqueurs s'oublie en quelques mois, les traités jaunissent en dix ans, les empires ne seront jamais que des empires; le devoir d'une ville unique est de survivre...
C'est ce que j'essayais d'expliquer à Paul Reynaud, le plus gentiment possible un soir de printemps 1940, à Londres, quand il voulait que, de Paris, il ne restât pas pierre sur pierre. Nous avions dîné à quatre, chez Ava Wigram, avec Hore Belisha, le ministre de la Guerre britannique, arrivé en retard, après un discours aux Communes, avait voulu, aussitôt, se réentendre, exigeant que l'on plaçât sur la table le poste de radio, ce qui rendait toute conversation impossible. Belisha approuva Reynaud. Tous deux sont morts ; Paris est là. »
Note de Paul Morand
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