Décidemment, il y a des jours comme ça où l'on décide de se poser dans une salle obscure sans autre idée que de se distraire, se vider la tête et oublier l'instant d'un spectacle ses tracas quotidiens. C'est ce que j'ai fait très récemment en allant visionner le troublant film " La Conquête" de Xavier Durringer.
J'écris "troublant" parce qu'à l'issue de une heure quarante-cinq minutes de projection, j'en suis sorti interrogatif sur la manière dont nous regardons nos hommes politique.
Mais avant cela, avant le "troublant", il y a le film, la distraction. Et là, tout a concouru à me faire rire aux éclats. N’y venez pas pour la photo du film, ni même pour le son digital, encore moins pour les effets spéciaux, il n’y a rien de tout cela. Juste l’essentiel, propre et bien fait. Comme un clin d’œil aux comédies italiennes des années cinquante-soixante. Il y a d’abord la musique de cirque, omniprésente, qui donne un ton de comédie cynique à ce film. Puis, c’est le jeu des acteurs, brillant de conviction et de sincérité, servi par de truculents dialogues que guide une histoire à l’action ininterrompue et que l’on sait, en regardant ce film, cousue de fil blanc. L’ensemble pourvoit au plaisir agréablement entretenu d’une comédie.
Oh bien sûr ! certains critiques y verraient une méchante caricature sur une mauvaise parodie d'une histoire connue. Mais à dire vrai, là ne semble pas être l’objet de ce film. Au-delà d'une histoire de cette "conquête" du pouvoir de 2007, avec ses frasques et ses phrases devenues aujourd’hui célèbres, se cache la réalité, ou plutôt la nécessité que nous avons tous de personnifier nos espérances et nos idéaux dans l'homme politique. C’est de cela que vient mon « trouble ». L’interrogation que je me pose encore et, qui renvoie à nos cours d’histoire et à l'idée que l'on peut se faire d'un grand homme politique, est de savoir si tous les « grands hommes » de notre chère république, sont ou ont réellement été ce que l'on nous apprend religieusement à l’école : des hommes transcendant les idéaux, des hommes de convictions et de foi politique...
Or ce film nous ouvre les yeux et détruit ce mythe.
Ce qui trouble, au sortir de la salle obscure, c’est la discrète mais réelle absence de conviction et de grandeur qui caractérise ces politiciens. Cette manière qu’ils ont de choisir, à partir d’études de marché et de sondages portant sur nos préoccupations, les thèmes qu’ils vont développer, ressemble à celle d’un chef d’entreprise sélectionnant des thèmes porteurs pour vendre ses produits.
Il semblerait d'après ce que ce film nous montre qu'aucune réelle compassion ni empathie, aucun rêve, aucune vision n'anime ces politiques. Seuls, les sondages et les profils d’électorats guident le marketing de ces politiques dans leur course au saint Graal qu’est la Présidence de la République. Et puis, il y a leur verve, leur pathos écrit par d’autres, savante alchimie de fausses priorités et vraies statistiques, qui savent atteindre nos espérances.
Le trouble sur leur sincérité, l’interrogation sur leur réelle motivation vient de tous ces décalages.
Alors, sont-ils tous, comme ce film le montre, des aspirants PDG d’une S.A. France-multiraciale, multi-sectorielle dont nous serions les employés-actionnaires ? et serions-nous devenus des prisonniers mystifiés d’une historique religiosité politique qui nous fait croire que ces champions de la communication sont de « grands hommes » possédés par un idéal politique ?
Quand on pense que la Guerre ou la Paix, notre avenir, celui de nos enfants, l'avenir du pays sont en jeu !
Un film décapant.
Il faut se rappeler ce que disait Périclès en 431 avant J-C. dans son "Eloge pour les guerriers morts au combat" :
"Du fait que l'Etat, chez nous, est administré dans l'intérêt de la masse et non d'une minorité, notre régime a pris le nom de démocratie"
Sanza
"Petit extrait de l'interview de la fille de "coeur" de Jacques Chirac, Anh Dao-Traxel in France-Soir :
"
France-Soir. Vous nous avez confié avoir été reçue par Nicolas Sarkozy le 6 septembre dernier…(2010)
A. D.-T. Oui, il m’a invitée à l’Elysée pour lui parler de mon association. Il était en bras de chemise, dans son bureau, les pieds sur la table basse. J’ai parlé vingt minutes avec le Président : c’est quand même quelque chose ! Sarkozy, il s’intéresse beaucoup aux gens qui sont sur le terrain pour aider les plus démunis."
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