jeudi 16 juin 2011

Les Fantômes de M.BILL, de Alexandre Mathis, Editions Léo Scheer, 358 pages, -illustrations- 2011- 19€

C'est un livre étonnant et remarquable qui nous plonge dans le monde du cinéma, de la psycho, de la presse et de la terrible réalité de crimes commis en 1959. L'auteur a fait un travail considérable pour nous restituer la vie d'un quartier célèbre de Paris, Pigalle-Clichy, avec ses boîtes de nuit, ses marlous, ses bistrots, ses hôtels borgnes, ses salles de cinéma, les films qui s'y projettent pile cette époque-là, en suivant la trace d'un psycho qui passe à l'acte pour se faire un nom.
C'est une oeuvre dense, mais aisée à lire, à découvrir comme une enquête reconstituée avec le recul du temps, la masse de documents à trier, chronoliser, étayer. L'auteur a fait un travail de bénédictin, et le résultat un livre remarquable sur un jeune mythoman, qui, comme le Lacenaire au XIX° siècle (personnage fameux des "Enfants du Paradis" de Marcel Carné(rôle de Marcel Herrand)) veut devenir à tout prix célèbre. Les deux s'enfoncent dans le crime. Mais M.Bill, en réalité Georges Rapin, à la différence de Lacenaire, est un garçon d'une famille aisée-riche, habitant les beaux quartiers et qui veut se faire un nom. Il hante les cinémas, veut devenir acteur, et dans un premier temps les Cours d'art dramatique, donne la réplique, mais fasciné par les caïds des films veut s'encanailler, "passer pour" un vrai caïd, un chef de clan... et pour cela hante avec ses bagnoles les trottoirs, les cinémas, les boîtes de nuit chaudes de Pigalle, ses péripatétitiennes... joue au dur avec les barmaids, dont l'une, Dominique, tombe dans ses bras, sans trop croire à ce qu'il prétend être... Du scénario qui se déroule sur l'écran, il passe à la réalité, et écrit une histoire sanglante...

Ce qui est fascinant c'est l'aveuglement des parents, qui lui paient un bar... etc.
De la descente par jeu, cela tourne à la psycho...Il rentre dans la peau du personnage, crâne, joue au dur, devient un dur, un vrai criminel...
Ce livre raconte toute cette trajectoire, tel un grand roman américain, avec tous les documents du moment, l'enquête de la police, du commissaire Chaumeil, du juge d'instruction... De l'affabulation à une réalité sanglante... Mais l'auteur donne à ces drames un réalité presque métaphysique. C'est un jeu presque "intellectuel" comme dans le cas de Lacenaire.

Et dans cet ensemble, l'auteur décrit, énumère tout le cinéma de cette année-là avec les films qui passent dans les salles du quartier, ou de Paris... avec des acteurs et des réalisateurs célèbres : Truffaut, Mylène Demongeot, Belinda Le, Jules Dassin, James Dean...

Un vrai travail à la Zola, sur un rythme haletant.

16/20

Henry Zaphiratos

Aucun commentaire: