samedi 18 juin 2011

Un libraire en colère, essai de Emmanuel Delhomme, Editions L'Editeur-Paris, 160 p. 2011

Voilà ! Emmanuel Dehomme se plaint de l'inflation des livres : 70.000 titres publiés par an, dont au moins 1500 romans. Sa librairie est noyée sous le flot des livraisons à rythme soutenu par les éditeurs qui veulent du chiffre... du chiffre... Et les ventes librairies déclinent, 30% paraît-il, l'an passé... Assaut des grands centres médias, comme Virgin, la FNAC..., des ventes en lignes Amazon, des grandes surfaces Carrefour, Casino, Auchan etc. Les groupes de libraires se battent, mais la marée de bouquins montent... montent... Personne ne s'y retrouve plus. Les navets côtoient les succès-navets, les bestsellers, les romanciers de talent, les romanciers que les éditeurs jettent sur l'étal comme des bouteilles à la mer. Comment s'y reconnaître dans un tel fourre-tout ? D'autant que le "choc" littéraire s'estompe... La "Culture" c'est dans la "masse", c'est ce que "tout le monde" doit "voir", "lire"(ou faire semblant d'avoir lu),"entendre" (non pas écouter)...Alors le libraire du coin de la rue ? le gros libraire de circuit comme Privat, la Procure, Mollat etc.? c'est la bataille pour la survie.

C'est que le monde change, va changer... Le regard sur le monde aussi. On vit dans l'instantanéïté, nous sommes submergés d'informations, de bruits, de musique, d'Ipad, d'appels portables, de matchs... Nous ne nous appartenons plus. Nous devenons des robots, l'oeil fixé sur l'ordinateur, sur ce que veut le chef qui est au-dessus de nous, le monde qui nous entoure et à qui nous devons plaire pour "exister", parfois pour manger... Alors ?

Le livre, un refuge ? Un délassement ? Une fuite dans le passé historique ? Dans le fantastique, l'imaginaire, les fantômes ? Vers au-delà de nous, comme dans un lieu de prière, de repos... Est-ce encore utile ? Nécessaire ?

Peut-être pour ceux que Stendhal appelait les "Happy few"! Ils étaient peu en son sècle, ils sont toujours peu aujourd'hui malgré une population qui va doubler par rapport à 40...

Alors M. Delhomme peut-être qu'en n'écrasant pas le chaland ou l'occasionnel lecteur, qu'est le voyageur pressé, le cadre qui veut faire un cadeau,etc. en leur proposant à l'étal des bouquins navrants, au style mort, de sexe soporifique, de "vas-y-que-je-te pousse" minables etc. où le lecteur abasourdi a perdu son FRIC et son TEMPS, et garde sur la bouche un goût d'amertume d'avoir été refait...

La prochaine fois, il fera le détour, et achètera tout plutôt qu'un bouquin.

"Roule torrent de l'inutilité" Montherlant

Heureusement qu'il y a les valeurs sûrs pour la plage, les voyages en TGV etc. , pour les éditeurs, les libraires, valeurs sûres qu'il faut "pousser" pour la trésorerie : les Christian-Jacq, les Bestsellers, les Nothomb, Djian, etc. et les fonds prestigieux dans La Pleïade, et les grands : Agatha Christie, Simenon etc. les polars...etc.

Et c'est tant mieux pour la survie.

Mais la littérature dans tout cela ? On s'en gausse, même à la radio, à la Télé...

Un bouquin comme "La vie d'Arseniev" d'Ivan Bounine ?
Un bouquin qui ouvre sur la vie ? Que très peu ont lu ? Que peu connaissent ?

Bernard Pivot parlant à Jean Chalon chez Michel Drucker, le dimanche 19 juin :

"Autrefois on demandait d'un écrivain : Comment écrit-il ?
Aujourd'hui on demande : Combien vend-t-il ?"

Hermès

Aucun commentaire: